Les opérateurs bientôt autorisés à chercher dans les serveurs de leurs clients

Publié le 12 février 2018 à 14h28

Clément M.

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C'est un bouleversement qui pourrait amener du renouveau concernant la protection des terminaux informatiques des utilisateurs. Désormais, les autorités et les opérateurs vont collaborer pour retracer plus aisément les menaces de virus rencontrées par les smartphones et ordinateurs. Alors que jamais la menace pesant sur l'industrie mobile n'a été aussi prégnante, les autorités ont décidé de répliquer. Dans un texte présenté devant le Conseil des ministres, la loi de programmation militaire prévoit ainsi de faire appel aux opérateurs et FAI pour sécuriser l'environnement informatique. Sous réserve qu'aucun abus ne soit à déplorer suite à l'application de méthodes semblables , cette collaboration pourrait permettre de pérenniser le paysage numérique.

Opérateurs et autorités main dans la main pour freiner le piratage mobile

Depuis la démocratisation des smartphones, les pirates ont fait de ces terminaux leur cible privilégiée. Aucun mois ne passe sans que de nouvelles menaces soient détectées, certaines inoffensives, d'autres particulièrement retorses. Pour éviter que davantage de données confidentielles ne soit exposées, les autorités ont décidé de répliquer. La nouvelle loi sur la programmation militaire fait mention d'une éventuelle collaboration entre FAI et autorités pour freiner la prolifération de menaces informatiques. C'est Louis Gautier, du Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale – SGDSN – qui a été le plus prolixe en informations jusque-là. Selon lui, cette coopération ne relèverait pas d'une obligation pour les opérateurs, mais d'un choix. Aucun texte de loi n'imposera aux sociétés télécoms de participer au programme. Toutefois, selon lui, une telle mesure ne peut aller que dans leur intérêt. Les abonnés seraient ainsi plus sécurisés.

Louis Gautier de la SGDSN travaille actuellement contre le piratage avec les opérateurs.

Louis Gautier de la SGDSN est à l'origine des informations concernant la collaboration entre opérateurs et autorités.

Dans les faits, cette collaboration aurait à l'initiative l'ANSSI, l'Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d'Information. Cette dernière fournirait aux opérateurs et FAI divers marqueurs signalant la présence de menaces externes sur leurs réseaux. Les entreprises de télécoms devraient alors scanner les données de leurs réseaux pour vérifier leur intégrité. Grâce aux signaux et marqueurs transmis par l'ANSSI, les opérateurs pourraient établir la traçabilité des menaces. Progressivement, les opérateurs pourraient remonter la piste des pirates. Une fois leur identité précisée, les autorités compétentes se feraient un malin plaisir à chercher à les coincer. Ceci, afin de mettre un terme à leurs forfaits. Toutefois, la tâche est ardue, et l'on sait combien les hackers font preuve d'adresse lorsqu'il s'agit de dissimuler la leur.

Dernière d'une longue liste de tentatives collaboratives entre opérateurs et autorités

Cette nouvelle mesure n'est pas la première à tenter de rassembler opérateurs et autorités dans une perspective commune. Dans ce même registre, l'État avait essayé de compter sur l'aide des fournisseurs d'accès pour son programme HADOPI. La Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet souhaitait faire appel aux pairs d'Orange et SFR pour cerner les pirates culturels. Le téléchargement d’œuvres dans un cadre illégal a provoqué de nombreux remous. Afin de protéger leurs abonnés, nombre de ces FAI, Free en tête, ont refusé de collaborer avec les autorités. Cette fin de non-recevoir a sans doute aucun provoqué la débâcle du programme HADOPI. Toutefois, cette nouvelle perspective est différente. Il ne s'agit plus d'encadrer les abonnés dans une visée punitive, mais bien de veiller à leur protection.

Les pirates s'en prennent aux abonnés des opérateurs par le biais des smartphones.

Les smartphones sont des terminaux aisément piratables pour des hackers mal-intentionnés.

Les intérêts de tous se regroupent dans l'objectif visé : freiner considérablement le piratage. Nul ne sait toutefois ce que réservent les prochains mois. D'aucuns pourraient craindre des abus concernant cette collaboration, le projet étant mentionné dans un rapport militaire. Pour conserver l'aspect libertaire propre à Internet, peut-être devrait-il être laissé à l'abonné le choix de participer à ce programme. Afin de rassurer ses interlocuteurs, Louis Gautier de la SGDSN a tenu à préciser certains détails. Le périmètre d'action des analyses serait préalablement délimité aux seules menaces. Par la suite, aucune donnée confidentielle appartenant aux utilisateurs ne serait conservée ou enregistrée par les autorités. L'avenir nous dira ce qu'il en sera réellement de ces bonnes intentions. Pour l'instant, néanmoins, cette opération constitue un motif d'espoir réel concernant la lutte contre le piratage.

À voir aussi : les perspectives de l'année 2018 selon l'ARCEP.

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Clément Menand

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Mordu du high-tech, Clément vous informe chaque jour des dernières nouveautés technologiques liées de près ou de loin aux smartphones.

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