Fracture numérique : et si le Plan Très Haut Débit augmentait les inégalités entre les Français ?

En même temps que le gouvernement dévoilait sa feuille de route pour lutter contre la fracture numérique, des parlementaires se sont mis à dénoncer le manque d'ambition de ce plan. Explications.

Couvrir l'ensemble de la population en 4G d'ici 2020 et en fibre optique d'ici 2025, voilà l'ambition du Plan France Très Haut Débit confirmée par le nouveau gouvernement. Mais pour certains politiques, cela est loin d'être suffisant pour réduire l'énorme fracture numérique française. Ils ont ainsi remis au gouvernement un rapport pour l'en alerter.

La Fibre pour tous… ou presque

Le Plan France Très Haut débit vise à fournir une connexion internet en très haut débit à l'ensemble des Français. Pour ce faire, les pouvoirs publics ont ainsi décidé de miser sur la fibre optique, déjà accessible dans de nombreuses grandes villes et villes moyennes. Mais pour les zones les plus reculées, cela pose problème. Pour tous ceux qui n'ont même pas accès à un ADSL correct, la fibre est encore loin.

À ce jour, la fibre optique est surtout installée dans les zones urbaines.

Avant de la faire arriver dans ces zones plus reculées, l'État essaie avant tout d'améliorer le réseau ADSL. Le recours à la 4G, comme le propose Bouygues Télécom avec sa 4G Box, est même envisagé. C'est d'ailleurs bien ce qui inquiète les parlementaires, comme ils le précisent dans leur rapport. Ils s'inquiètent alors de voir ces technologies transitoires se pérenniser dans les zones les plus rurales. En effet, les premiers pas de ce Plan Très Haut Débit ne fait que confirmer une tendance déjà connue de tous : l'internet très haut débit sera d'abord étendu aux villes avant d'atteindre la campagne.

Trop d'habitants encore en bas débit

Pour appuyer leur rapport, les parlementaires ont pu citer la dernière étude publiée par UFC-Que Choisir sur la fracture numérique en France. Pour l'association de consommateurs, cette transition vers le Très Haut Débit pourrait au contraire amplifier cette fracture numérique en creusant les inégalités entre ruraux et citadins. L'étude rappelle ainsi que plus de 7,5 millions de Français sont encore privés d'une connexion haut débit de qualité. Soit plus de 10% des consommateurs.

Cette réalité touche plus particulièrement les habitants des communes et villages de moins de 1000 habitants. Dans ces zones, plus d'un tiers de la population peine à se connecter à un internet correct. Alors que moins de 14% de la population vivant dans les zones urbaines et périurbaines connaissent ce problème. Plutôt que d'être déployée dans ces zones prioritaires, la fibre optique est d'abord installée dans les zones où est déjà proposé un ADSL de qualité. Ce qui ne fait qu'augmenter les inégalités.