Mediapro acquiert les droits de la Ligue 1 pour plus de 780 millions d’euros, et après ?

Le groupe espagnol Mediapro, qui vient d'acquérir les droits de la Ligue 1, pourrait-il être menacé de les perdre faute de garanties bancaires suffisantes ?C'est en tout cas la mésaventure qui lui est arrivée en Italie pour les droits de la Serie A, l'équivalent italien de la Ligue 1. Cette situation pourrait se reproduire en France. De ce fait, les autres concurrents se repositionnent pour reprendre les droits. Canal+ et SFR songent à faire une offre.

Canal+ veut retrouver son monopole historique sur la L1 malgré le remaniement de ses programmes

Diffuseur exclusif de la Ligue 1 depuis 1984, Canal+ a cette année perdu les enchères pour les droits français des saisons 2020 à 2024. C'est l'espagnol Mediapro qui a remporté la mise. Le groupe international a porté les enchères à la somme colossale de plus de 780 millions d'euros.

Cependant, la chaîne cryptée française compte sur les déboires italiens de Mediapro pour juguler la baisse de son nombre d'abonnés. C'est en effet la possession des droits de Ligue 1 qui lui offre sa visibilité. La ligne adoptée depuis sa prise de contrôle par Vincent Bolloré tend à réduire la part de l'information. Canal+ deviendra ainsi de plus en plus une chaîne de divertissement.

SFR se rêve en « Netflix du sport » et collectionne les droits de diffusion

L'opérateur français de téléphonie a adopté depuis quelques années une stratégie de rachat des droits de diffusion pour de nombreux sports. Dans le domaine du football, il possède ainsi déjà les droits de la Ligue des Champions et de la Ligue Europa à partir de la saison 2018. Pour l'Angleterre, il a acquis le foot et le rugby. En basket, il diffuse la Jeep Elite, l'Eurocup ou encore l'Euroligue. Sa collection de droits sportifs s'étend encore à certaines compétitions d'athlétisme, ainsi qu'à d'autres sports moins populaires en France, comme des sports de combat ou l'équitation. Alain Weill, le nouveau patron de SFR, a ainsi résumé son programme par la formule ambitieuse de « devenir le Netflix du sport ». Comme le groupe l'a annoncé en mars dernier, ce Netflix est baptisé RMC Sport. Ce changement de nom permet notamment à l'offre d'accéder aux bouquets télévision de Bouygues Telecom et de Orange.

Alain Weill, le PDG du groupe SFR depuis novembre 2017.

SFR n'a pas participé aux enchères pour les droits de la Ligue 1, mais Alain Weill évoque d'éventuelles négociations. Ces négociations porteraient sur une partie seulement des droits de diffusion. Il faut savoir que ces droits sont répartis en différents lots. Mediapro détient les lots 1, 2 et 4. Le lot 1 permet de diffuser les dix matches les plus prometteurs ainsi que le créneau du dimanche à 21h. Le deuxième lot est celui des rencontres du vendredi et du samedi. Le quatrième lot, enfin, comprend l'affiche des dimanche après-midi avec le multiplex qui leur fait suite. Mediapro va certainement avoir besoin de céder une partie de ces lots à des diffuseurs français pour rentabiliser son investissement. Tel est du moins le pari de l'opérateur au carré rouge.

SFR mis en difficulté par les investissements pour son bouquet sport

Altice, maison-mère de SFR rencontre actuellement quelques difficultés en Bourse. A l'instar de Mediapro, cela risque également de nuire à sa crédibilité financière. SFR doit par ailleurs faire face à une véritable hémorragie d'abonnés. L'opérateur a dû augmenter ses prix. Et ce, précisément en raison de ce que lui ont coûté ses investissements dans les droits de diffusion. Malgré ces préoccupations, Alain Weill se veut rassurant. Néanmoins, SFR a dû abandonner son projet de couverture du territoire français par la fibre à lui seul. Il s'alliera ainsi à l'opérateur historique Orange. Le groupe semble ainsi favoriser sa branche divertissement aux dépends des investissements dans la téléphonie.